10 idées reçues sur le husky
- osakadventuring
- 8 janv. 2020
- 21 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 janv. 2020
Si vous avez un husky, ces phrases doivent vous êtes très familières. Si vous avez pour projet d'en adopter un, préparez-vous à ce qu'elles soient synonymes de votre quotidien! On aurait pu penser qu'avec Internet, l'accès à l'information serait décuplé et que les gens deviendraient peut-être plus cultivés. Malheureusement, en ce qui concerne nos compagnons canins, tout ce partage de connaissance n'a fait que renforcer et véhiculer des stéréotypes totalement idiots concernant certaines races de chiens. Si vous pensez encore qu'un American Staff est un chien dangereux et agressif, qu'un Border Collie doit faire de l'agility, qu'un Bouledogue Français ne doit surtout pas courir ou qu'un Malinois doit absolument faire du mordant... remettez vos sources en cause, car elles sont moyenâgeuses. Le débat sur les différentes races pouvant être long et fastidieux, je le laisse à d'autres qui sauront prendre le temps de vous instruire.
Non, aujourd'hui je viens vous parler spécifiquement du husky, puisque c'est la race qui partage mon quotidien depuis un peu plus d'un an. Oh, je vous vois venir avec vos gros sabots.. "Un an avec un chien, et alors ? Ça ne veut rien dire", "Ce n'est pas parce que TON chien est une exception qu'il faut en faire une généralité", "Mais quelle légitimité avez-vous ? J'élève des huskies depuis plus de 30 ans, moi !"
Vous, qui avez un peu de bon sens, vous vous douterez que je n'appuie pas mon analyse sur mon propre chien mais sur un échantillon de huskies que j'ai pu rencontrer et voir évoluer. Sinon, j'aurais appelé cet article "10 idées reçues sur Osaka", voyez ? Mais trêve de beaux discours, entrons dans le vif du sujet...
Tout d'abord, j'aimerai apporter une légère précision sur les races de chiens en général. Actuellement, on fait tout un flan des caractéristiques caractérielles d'une race, en se disant généralement "C'est normal, c'est un ...". Une vision bien fataliste qui amène souvent au mal-être psychologique et parfois physique du chien en question. Il serait convenable d'arrêter tout de suite de dire "j'ai un husky", "j'ai un malinois", "j'ai un dinosaure de poche" pour penser "j'ai un chien". Point. Au bout de votre laisse, aussi agité, têtu, obéissant, intelligent ou stupide soit-il, c'est un chien qui se trouve, rien d'autre. Un chien qui, rappelons-le, est un être vivant qui est doté d'une sensibilité, d'une personnalité qui lui est propre et qui différera donc de TOUS les autres chiens que vous pourriez croiser, quelle que soit leur race.
Mais alors, comment t'expliques que tous les Akita soient réactifs, hein ? Alors attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit! Il existe des similitudes entre les chiens d'une même race, c'est indéniable. C'est d'ailleurs de ces similitudes que sortent tout droit les stéréotypes qui flinguent les races. Pour moi, appréhender correctement une race c'est être conscient de ses aptitudes, de ce pour quoi elle a été sélectionnée à la base, des difficultés majeures rencontrées par un vaste échantillon de propriétaires, non pas pour mettre un petit pansement dessus et dire "c'est bon, voilà, c'est normal, on regarde plus et pof! ça disparaît" mais JUSTEMENT pour axer une partie du travail là-dessus lorsqu'ils sont chiots. Vous voyez sur tous les groupes Facebook que les Border sont surexcités ? Apprenez à votre chiot à rester calme. Vous voyez sur tous les groupes Facebook que les Akitas sont réactifs congénères ? Bossez sa sociabilisation de manière extrêmement pointue en veillant à la qualité des rencontres. Vous voyez sur tous les groupes Facebook que les Huskies fuguent ? Achetez un collier électrique et ne le lâchez jamais (second degré, merci de ne pas vous insurger). Blague à part, c'est exactement le genre de conseils qu'on peut recevoir d'un éleveur de la race, alors il est tout à fait compréhensible que vous soyez totalement perdus. Pire encore, en lisant ce genre d'inepties et les préjugés sur chacune des races, on a qu'une envie : se rouler en boule et ne jamais avoir de chiens puisque toutes les races ont des problèmes. Mais, comme j'ai très envie de démonter les clichés concernant nos petits chiens nordiques insupportables, je vais essayer de vous rassurer un peu.
1 - Fugueur
Sans hésiter, l'idée reçue la plus courante pour ce malheureux husky qui n'a rien demandé à personne : il fugue. La fugue en elle-même demeure un sujet vaste et épineux puisqu'il existe deux types de "fugue" que les gens ne distinguent pas vraiment.
La fugue de la maison : le husky ne serait pas le premier chien à avoir creusé sous la clôture ou escaladé un grillage un peu branlant. Mais comme il le fait de façon assez récurrente, on lui en a attribué tout le mérite. Un chien qui se sauve d'une maison, ce n'est pas anodin. Soit clairement, il s'ennuie parce qu'il n'est pas assez dépensé physiquement ET mentalement (et oui, la sortie en laisse de 10 minutes dans le quartier c'est pas suffisant, désolée), soit il a envie de se reproduire car il n'est pas stérilisé, soit ce qui se trouve derrière la clôture est beaucoup trop intéressant comparé à votre jardin et il est incapable de passer outre (ouais, les auto-contrôles et la gestion des émotions ça peut être pratique de se renseigner dessus à un moment donné) ;
La fugue en balade : là non plus, le husky n'est pas le seul à se tirer en balade (je connais des labrador qu'on perd pendant un petit moment aussi) mais on s'est dit que ça devait être dans sa génétique alors bon, c'est normal. Sur votre lieu de balade, il y a des milliers d'odeurs, des pistes d'animaux, des autres chiens qui passent, des vélos, des joggeurs, des cavaliers, du bétail, bref. La liste est longue. Tout ça pour dire qu'il y a autant d'éléments bien plus intéressants que vous qui essayez d'avoir un contrôle total sur votre chien en lui donnant des ordres toutes les minutes. Donc non, votre chien ne "fugue" pas parce qu'il ne vous aime pas, ni parce qu'il en a rien à faire de vous, ni parce qu'il est vicieux, méchant ou idiot, ni même parce qu'il le fait exprès pour vous énerver. Il part simplement explorer le monde, c'est tout.
Alors maintenant que vous savez que le husky ne fugue pas parce qu'il est très vilain, laissez-moi vous expliquer qu'il faut vous adapter. Ça ne veut pas dire qu'il faut le suivre partout, le laisser faire n'importe quoi, ni même le laisser partir à des distances déraisonnables. Donc oui, le husky est en règle générale un chien assez indépendant, qui préférera explorer la forêt que de vous fixer droit dans les yeux pendant deux heures. Ceci étant, il demeure avant tout UN CHIEN qui peut être éduqué (sinon ça ferait longtemps que les mushers utiliseraient des Border, croyez-moi).

Et c'est là où le serpent se mord la queue. Puisqu'on véhicule que le husky est fugueur, on ne détache jamais le husky, ça non, beaucoup trop risqué! Donc on a un chien qui n'est jamais détaché et peut profiter d'un périmètre de deux mètres à environ dix mètres pour les plus chanceux qui bénéficieront d'une longe. Du coup, le jour où la laisse casse, le jour où, dans un excès de confiance, on le lâche, qu'est-ce qu'il se passe ? Le périmètre de dix mètres devient subitement infini, le rappel n'est absolument pas acquis puisqu'il a toujours été travaillé attaché (quand il a été travaillé, hein) et là on se retrouve avec un électron libre qui court partout et qu'on perd de vue assez rapidement... sans parler des conséquences souvent dramatiques qui vont avec.
Vous avez la flemme de prendre du temps pour éduquer un husky ? Ne prenez pas de chien, quelle que soit la race. Vous pensez qu'en ne le détachant jamais vous n'aurez jamais de problèmes ? Vous fabriquez une bombe à retardement et vous augmentez le facteur risque de façon inconsidérée en cas d'imprévu.
Et si vous êtes prêts à prendre le risque avec votre chiot... vous allez passer de sales moments à vous demander ce qu'il fout, où il est, il en met du temps à revenir... mais avec du temps, du travail, de la patience et de la cohérence (et peut-être aussi un traqueur GPS), vous pourrez lâcher votre chien sans aucune crainte.
PS : commencez pas à lâcher vos chiens n'importe où n'importe comment, c'est pas ça que je veux dire. Sécurisez en longe si besoin, bossez comme des acharnés et quand vous vous sentirez prêts... enfin, vous verrez !
2 - Chasseur
On lit souvent sur Internet "cohabitation husky-chat impossible". D'ailleurs, cohabitation husky-n'importe quel animal vivant impossible. Parce qu'on dit que le husky est un chien avec un fort instinct de prédation, qui a envie de chasser et de nécessairement tuer l'animal en question. Là encore, on entendra souvent qu'on ne peut rien y faire puisque c'est un husky. Si effectivement les instincts de prédation sont souvent développés chez la race, il est possible de limiter leur impact et leur puissance (sans pour autant les effacer totalement, puisqu'il s'agit d'instinct et qui dit instinct dit... un peu de lâcher prise !). Il est clair que certains spécimens de la race seront bien plus difficiles à travailler face aux animaux de basse-cour, au gibier ou autres quadrupèdes. Mais rien n'est impossible !

L'étape la plus cruciale consiste en la bonne sociabilisation du chiot avec toutes les espèces animales possibles et imaginables. Plus il aura vu d'animaux différents et associé ces animaux à des événements positifs, moins il aura envie d'aller leur croquer les fesses. Bétonner le rappel sur lesdits animaux peut également s'avérer utile (oui, quand on part du principe qu'un husky peut avoir du rappel, pardonnez-moi). La cohabitation avec tout autre animal domestique est également possible, pour peu qu'on se donne la peine de faire les choses avec patience et rigueur. Beaucoup de huskies parviennent à cohabiter sans problèmes particuliers avec des chats, des rongeurs ou des oiseaux.

Concernant les animaux en extérieur, le travail est souvent plus long et laborieux mais on peut espérer des résultats tout à fait satisfaisants en quelques mois de travail. En travaillant le chien sur la gestion de son excitation et sur le contrôle de ses émotions, en présence d'animaux dans des espaces clôturés afin de sécuriser tout le monde pour commencer, puis sur des animaux en liberté qui ne fuiront pas l'approche du chien (eh oui, parce que dès que ça commence à courir, vous vous rajouterez des difficultés).
Et une fois que vous lui ferez confiance et qu'il vous aura montré qu'il revenait de lui-même, qu'il était capable de prendre sur lui, par pitié, laissez-le vivre sa vie de chien et aller sur les bas côtés, explorer la forêt hors du sentier... le perdre de vue quelques secondes parce qu'il est tombé sur une odeur de lapin, c'est pas non plus la fin du monde.
3 - Sportif
"Oh là! Avec un chien comme ça, vous devez courir beaucoup!"
Je ne compte plus le nombre de fois où on a pu me répéter cette phrase. Parce que le cliché que véhicule le husky, c'est cette fameuse scène en Norvège ou en Sibérie, où les fiers chiens d'attelage courent dans la neige, tirant leur traîneau sur des centaines de kilomètres. Alors dans l'imaginaire populaire, on fait le raccourci très simple husky = chien qui DOIT courir.
Remettons les pendules à l'heure avec un parallèle très simple. En tant qu'humains, nous faisons partie de la même espèce que le champion de sprint Usain Bolt. Pourtant, presque personne n'est capable d'égaler ses prouesses physiques, alors que d'un point de vue biologique, rien ne nous différencie de lui. Ce qui est important de souligner par conséquent chez le husky, c'est que le cher toutou que vous achèterez en élevage aura été sélectionné depuis moult générations et n'aura presque plus rien à voir avec les chiens de traîneau des pays nordiques. Autrement dit, s'il est capable des mêmes prouesses physiques de part son espèce, il aura besoin pour cela de s'entraîner très durement et régulièrement pour y parvenir. Par conséquent, si vous n'entraînez pas votre chien, il n'aura jamais les mêmes aptitudes qu'un chien de traîneau expérimenté. Fini donc, le mythe du husky qui doit absolument courir ses 30 km par jour !
Ensuite, il paraît essentiel de souligner l'importance du choix de la lignée. Beaucoup de races possèdent deux types de lignées : la lignée show, qui est destinée à faire des chiens de beauté aux aptitudes physiques peu développées et qui sera essentiellement destinée à produire des chiens de famille, et la lignée travail, qui se concentre justement sur les aptitudes physiques davantage que sur l'esthétique. Si vous décidez donc d'adopter un chiot de lignée travail et ce, quelle que soit la race, attendez-vous à ce qu'il soit davantage en demande d'exercice (physique et mental) et recherche d'autant plus de stimulation qu'un chien de lignée show.

Donc, un husky hystérique qui ne sait pas tenir en place et qui ne fait que courir partout, ce n'est pas un chien équilibré, désolée, même si c'est un husky. La demande de stimulation de la part de votre chien ne dépend que de vous-même. Prenez un chiot de trois mois, allouez-lui une heure de balade quotidienne. A ses cinq mois, il réclamera deux heures de balade par jour et, si vous les lui accordez, à ses huit mois il lui en faudra trois et à sa première année, vous vous retrouverez avec un chien infatigable qui aura besoin de cinq heures de sortie quotidienne. Inutile de préciser qu'un tel chien peut rapidement devenir un calvaire, d'autant plus que s'il n'est pas rassasié, il trouvera à s'occuper dans la maison... Ménagez donc votre chien, économisez-le. Oubliez un peu le stéréotype du husky qui a besoin de courir tous les jours et focalisez-vous sur l'apprentissage du calme. Vous préférez un chien qui s'agite dans tous les sens ou bien un chien qui a appris à ne rien faire et sait se poser quand on rentre à la maison ?
Rappelons aussi (au passage, hein) qu'un chien, quelle que soit sa race, a besoin de repos (on parle ici de 10h jusqu'à 19h de sommeil par jour). Tous ces arguments ne sont pas là pour vous induire en erreur, attention. Un husky a tout de même besoin de dépenses, donc ne pensez pas pouvoir boycotter la balade quotidienne (une vraie balade, pas le tour du quartier entendons-nous bien) et ne pensez pas non plus que le coller une heure au jardin fera l'affaire. Le jardin n'est PAS une balade, il n'est qu'une pièce supplémentaire de la maison dans laquelle le chien peut faire ses besoins. Rien d'autre, en somme, qu'un crottodrome géant duquel le chien aura fait le tour en quelques heures.
4 - Traction
Le point précédent nous emmène directement au mythe entourant la traction qui englobe le husky. Combien de fois l'aurons-nous entendu ? Le husky est fait pour tracter, c'est d'ailleurs pour ça qu'il ne sait pas marcher en laisse. On nous conseille parfois même de ne surtout pas les mettre en harnais car le harnais les inciterai à tirer... bon.
Il est indiscutable que le husky est prédisposé à la traction (quoique certains contre-exemples sauraient me faire mentir). Toutefois, lui apprendre à marcher en laisse est strictement identique à l'apprentissage qui peut être réalisé avec tout autre chien. Si dès l'instant où votre husky arrive chez vous, vous lui apprenez que la laisse ne doit pas être tendue, alors il ne la tendra pas en se disant "c'est dans mes gènes, faut que je tire" (si l'apprentissage est correctement réalisé). Il n'est naturel pour aucun chien de marcher en laisse. Prenez un chiot et accrochez le en laisse, sa première réaction, par réflexe d'opposition inné, sera de tirer dans l'autre sens. On voit beaucoup de chiens qui tirent en laisse dans la rue et, étrangement, aucun d'entre eux ne serait prédisposé à la traction ni même sélectionné pour ses aptitudes de chien de traîneau...
A présent que vous savez qu'il est tout à fait possible de se balader tranquillement en compagnie d'un husky sans se démettre une épaule, parlons des sports de traction qui ont l'air d'être presque inévitables quand on partage sa vie avec un husky. Immédiatement, on se dit qu'il va falloir faire du cani-cross, du cani-vtt, du cani-roller ou autre déclinaison de cani-ce-que-vous-voulez.
Premièrement, il faut savoir que tous ces sports ne sont pas accessibles avant l'âge de 12 à 18 mois, le temps que la croissance se termine pour pouvoir mettre le chien en traction. Du matériel adapté sera évidemment requis et ne vous inquiétez pas, votre chien saura très bien faire la différence entre son harnais de traction et celui utilisé quotidiennement, celui-là même avec lequel vous lui aurez appris à ne pas tirer.
Ensuite, ces sports sont tous vecteurs d'une grande quantité d'excitation pour le chien s'ils ne sont pas amenés correctement. Forcément, vous demandez à votre chien de ne pas tirer en laisse, de marcher à votre rythme, le jour où vous l'attelez c'est un peu comme si toutes ces règles sautaient d'un coup et "en avant mon pote, tire tout ce que tu peux et court comme un taré". Pas évident de dire que c'est réellement bénéfique pour le chien, il suffit d'en juger par l'état de transe de certains au moment du départ...
Le but ici n'est pas de décrier les sports de traction, bien au contraire. Ils peuvent se révéler extrêmement productifs et renforcer considérablement la relation humain-chien, à condition de bien se préparer physiquement et d'amener la chose en douceur de façon progressive. Mais attention à ce que vous en faites : les sports de traction ne doivent absolument pas remplacer des balades en libre et/ou en longe, ne doivent pas devenir l'unique moyen pour le chien de se dépenser, ni même être un défouloir et ENCORE MOINS une obligation. Si vous n'avez pas envie d'atteler votre husky ou que vous voyez qu'il n'y prend pas de plaisir, ce n'est pas dramatique et de multiples activités canines radicalement différentes peuvent s'offrir à vous si vous souhaitez partager un moment de complicité avec votre chien. Alors non, un husky n'a pas forcément besoin de tracter pour être bien dans ses pattes. Et si vous avez un chien d'une autre race, ces sports ne vous sont pas non plus interdits.
5 - Appartement
"Il doit s'ennuyer en appartement, vous êtes égoïstes !"
Du fait que la croyance populaire pense du husky qu'il est un chien extrêmement sportif et ayant besoin de faire beaucoup de sport, la vie en appartement semble totalement incompatible. Alors qu'avec un jardin, c'est trop génial, regardez on le met dedans et puis il va aller faire son sport et revenir crevé.
Sortez-vous cette idée du crâne.

Le jardin, comme dit plus haut, c'est bien pour faire sa crotte, rien d'autre. Si vous croyez que lâcher votre chien dedans suffira à supplanter sa balade quotidienne, vous vous fourrez le doigt dans l’œil jusqu'au... coude. Votre chien ne sera jamais heureux isolé dans un jardin, pour la bonne et simple raison que tout ce qui compte pour lui, c'est vous (et peut-être les taupinières et ce bout de jambon, bon d'accord). Mettez-vous à sa place : il vous attend toute la journée parce que vous travaillez, il vous attend la nuit quand vous sortez avec des amis, il passe sa vie à vous attendre. Et quand vous êtes enfin là... vous le foutez dehors et il est encore seul, dans un endroit qu'il connaît par cœur et où les stimulations sont inexistantes. L'argument "j'attends d'avoir un jardin pour avoir un chien" est invalide. Le jardin, c'est VOTRE confort, pas le sien. C'est bien parce que ça vous évite le pipi sous la pluie ou pour apprendre la propreté à un chiot plutôt que de descendre toutes les deux heures de six étages, mais c'est tout.
La nature humaine aspirant généralement à la fainéantise, j'ai presque envie de dire qu'il faudrait débuter avec un chien en appartement. Histoire d'être sûr que vous sortirez assez votre chien, puisque de toute façon c'est ça ou ramasser la crotte sur le tapis... le choix est vite fait.
Alors bien sûr, une grande maison avec un jardin, ça fait rêver. Puis c'est aussi une question d'espace vital : se retrouver avec un dogue allemand dans 25 m² c'est pas forcément super pratique, on est d'accord. Mais tant que vous serez avec lui, que vous respecterez ses besoins de dépense physiques et mentales, il pourrait vous suivre jusque dans une boîte à chaussures.
6 - Destructeur
Il n'est pas rare de trouver des photos sur Internet de nos chers huskies ayant occasionné des dégâts majeurs dans les maisons et appartements où ils vivent. Canapés éventrés, plinthes et tapisseries arrachées, excréments sur les tapis, murs griffés et autres joyeux trous dans les portes sont autant de petits désagréments qui peuvent se révéler rapidement problématique.
La destruction est un problème récurrent chez tous les chiens qui font de l'anxiété de séparation, c'est-à-dire qui ne supportent pas que leur humain les laissent seuls. Et quand je dis tous les chiens, je dis toutes les races de chiens. Ils ne détruisent pas votre intérieur pour se "venger" de votre absence, mais tout simplement parce qu'ils évacuent le stress généré par la séparation. Et un chien qui décharge son anxiété, ça peut vite devenir ingérable.
Alors pourquoi ce trait de caractère est attribué spécialement au husky (mais d'autres races n'ont rien à lui envier sur ce préjugé, je vous rassure, les chiens-loups en font également aussi rudement les frais) ? Nous avons vu précédemment que le husky avait besoin d'être dépensé, comme tous les autres chiens, de façon qualitative. Tout part d'ici, pour commencer. N'attendez pas de votre chien qu'il reste sagement huit heures sans rien faire s'il n'est pas dépensé, que vous soyez là ou non. Offrez-lui donc une sortie de qualité avant de partir, qu'il puisse prendre le temps de faire ses besoins, renifler un peu partout et pourquoi pas voir des copains.
Une fois votre chien dépensé (et je veux pas dire crevé à fond à lui faire sortir les poumons par la gueule), il sera déjà plus disposé à rester calme. Et la solitude est un apprentissage comme tous les autres, qui nécessite patience et rigueur ! Il faut que votre départ soit associé à un moment positif plutôt qu'à une séparation qui aura forcément un impact négatif. Commencez donc par de courtes absences, en augmentant progressivement la durée. Désacralisez le moment où vous rentrez chez vous, pas de fête ni de "mon Kiki comme tu m'as manqué", ignorez votre chien tant qu'il n'est pas parfaitement calme. Ignorez-le également 5 à 10 minutes avant et au moment de partir. Donnez-lui de quoi s'occuper, des jouets auxquels il n'aura pas accès en votre présence, des friandises à mâcher (sabot de veau, peau de tête de bœuf, groin de cochon séché, ...). Nourrir au moment de partir peut également être une très bonne astuce pour concentrer votre chien sur autre chose que votre départ.
Il va également de soi qu'il est inutile de gronder un chien qui aurait détruit quelque chose en votre absence. L'action de destruction est passée et mettre votre chien devant le fait accompli en y associant une punition ou un quelconque signe de mécontentement ne suscitera chez lui que de l'incompréhension et il associera votre retour à un facteur stress supplémentaire. Veillez donc à demeurer parfaitement neutre à votre retour, quels que soient les dégâts occasionnés.
Surtout, mettez-vous à sa place. Vous êtes son seul repère, sa seule préoccupation, il n'a QUE vous. Comment pourriez-vous lui en vouloir d'être stressé ou de s'ennuyer lorsque vous disparaissez subitement sans donner d'explication pendant quatre ou cinq heures ? Il ne se doute pas que vous travaillez pour lui payer sa nourriture... Alors, husky ou pas, soyez indulgents et pensez à son bien-être. ATTENTION toutefois à ne pas tomber dans le piège du fameux "mon chien détruit, il s'ennuie, on va lui ramener un copain!". Prendre un deuxième chien lorsqu'on a un chien destructeur ne va régler aucun problème, ils ne vont pas "jouer" ensemble pour s'occuper mais vont plutôt se transmettre leur stress et s'influencer et les dégâts seront dédoublés.
Et juste au cas où ce ne serait pas évident... Un chien (et même un chihuahua) n'est pas fait pour rester seul 10 heures consécutives par jour sinon, prenez un poisson rouge.
7 - Chaleur
"Quelle honte, un husky en France... il doit mourir de chaud."
Regards désapprobateurs, remarques désobligeantes et autres soupirs exaspérés qui s'écoulent sur votre passage lors de votre promenade "pipi" du soir. Après tout, comment en vouloir aux personnes qui se croient renseignées, quand on sait qu'un husky est capable de supporter des températures allant jusqu'à -30 degrés ?
Mais là encore, ce stéréotype n'a pas lieu d'être. Le husky sibérien, comme son nom l'indique, tire ses origines de Russie (jusqu'ici, tout va bien). Il est donc taillé pour résister au froid glacial qui règne dans ces contrées inhospitalières... oups, en fait non, pas si invivables que ça. La Sibérie, comme l'ensemble de l'Europe d'ailleurs, possède un climat tempéré. Et tempéré, ça veut dire des minimales à -20 °C et des maximales à +20 °C, voire jusqu'à +35 °C l'été. Autrement dit, le husky est censé pouvoir supporter cette plage de température tranquillement, même si cela n'exclut pas que sous 37 °C il aura très chaud (comme nous autres humains et comme la plupart des autres races de chien, soit dit en passant).
De plus, précisons que le husky est sélectionné en France depuis des générations. Son acclimatation à ce climat, pas si éloigné de celui de sa Sibérie natale, peut être facilement constatée depuis le temps qu'il est implanté dans notre pays.
Enfin, la mue annuelle du husky (et des races primitives en général) n'est un secret pour personne. Une à deux fois par an, le husky va perdre l'équivalent de son poids en poils (sympa, hein? pensez à acheter un Dyson). Et cette perte conséquente n'est pas là pour faire joli, car la nature est bien faite. Lors des changements de saisons, les températures baissent ou augmentent brutalement et le poil du husky se transforme alors pour remplir sa fonction première : isoler le chien du mieux possible, que ce soit de la chaleur comme du froid. Le poil du husky est donc thermorégulateur et il lui permet généralement de bien mieux supporter la chaleur et le froid que certaines autres races (qui n'ont pas de sous-poil par exemple). Inutile donc de vous préciser que tondre votre husky ne servirait à rien et ne ferait que le rendre totalement vulnérable à la chaleur, sans sa couche de poils protectrice et isolante.
8 - Agressivité
De part son physique "lupoïde", le husky subit souvent les foudres de nombreuses personnes que vous pourrez croiser lors de vos balades. Nécessairement classifié comme un chien agressif, beaucoup de propriétaires de chiens vous éviteront volontairement. Pourtant, cette critique est totalement infondée.
Le husky est, en règle générale, un chien extrêmement sociable avec ses congénères, du moins lorsqu'il est encore jeune. Certains individus apprécieront à outrance le contact avec les autres chiens tandis d'autres pourront avoir cette attitude un peu "snob" qui les rend parfaitement indifférents aux congénères et autres humains. Mais, quelle que soit la race de votre chien, l'agressivité n'est pas un critère génétique. Même pour les chiens catégorisés (Rottweiler, American Staff, ...) cette affirmation n'a pas lieu d'être. Un chien ne naît pas agressif mais peut le devenir suite à :
Un dressage/conditionnement dans cet objectif (hélas oui, ça existe encore) ;
Une réaction de peur dans une situation où le chien se trouve acculé ;
Une ou des mauvaise(s) expérience(s) avec d'autres chiens et/ou humains.
Pas d'inquiétude donc à avoir concernant la potentielle dangerosité de votre chien à partir du moment où vous prenez les bonnes dispositions dès le début. En favorisant donc une bonne sociabilisation avec des chiens adultes et équilibrés, des expériences positives pour lui en présence d'autres humains et en évitant toute association négative par rapport à certains contextes. En banalisant toutes les situations et en les rendant agréables pour votre chien (on oublie donc toute forme de violence physique et psychologique), il n'y a aucun risque qu'il devienne agressif.
Rappelons d'ailleurs que le standard de la race français élimine toute trace d'agressivité du tempérament de base du husky (bien que ce ne soit pas un critère génétique).
« Le husky de Sibérie se caractérise par sa gentillesse et par la douceur de son tempérament; il est également éveillé et sociable. Il ne dispose pas du naturel possessif d'un chien de garde, ne témoigne pas d'une méfiance extrême envers les étrangers et n'est pas agressif envers les autres chiens. Chez l'adulte, on peut trouver, dans une certaine mesure, de la réserve et de la dignité. Son intelligence, sa docilité et son désir de plaire font de lui un compagnon agréable et un travailleur plein de bonne volonté. »
9 - Gène du loup
Une des principales inepties que l’on peut retrouver sur les groupes de « conseil » autour de la race du husky, c’est sans aucun doute ce fameux « gène du loup » qu’on nous sert à toutes les sauces. Ce fameux gène qui explique, chez le husky, ce côté fugueur, chasseur, parfois peureux, sauvage et indomptable. Le genre de chien que tout le monde rêve d’avoir finalement, après en avoir dépeint un tableau si mélioratif…
SAUF QUE. Des études relativement récentes se sont intéressées au génome de nos amis les chiens afin de les comparer à celui du loup gris. Mieux encore, certaines études ont décidé de mettre en lumière les points communs avec le loup gris d’un point de vue génétique par race de chien. Et là, surprise… la race de chien dont le génome se rapproche le plus du loup, c’est le chow-chow. Ceci étant, quelle que soit sa race, le chien possède toujours un lien de parenté génétique avec le loup et ce lien peut s’élever jusqu’à 99% de similitude. Eh oui, ça veut dire que génétiquement, un chihuahua est similaire au loup gris, mais personne ne viendra vous scander que votre chihuahua fugue parce qu’il a le « gène du loup ».

Sur le point de vue de la génétique donc, il existe effectivement de grandes similarités. Mais n’oublions pas que le chien est une des seules espèces à avoir évolué artificiellement, c’est-à-dire par la main de l’Homme. Quelques 400 races différentes sont nées de la sélection artificielle réalisée par l’Homme, elles-mêmes ayant été déclinées, revues, resélectionnées pour aboutir au large panel et aux dérives que nous connaissons aujourd’hui. Autant dire que d’un point de vue psychologique comme physique, votre husky n’a plus rien à voir avec son cousin le loup. Il suffit d’en juger par la sociabilité extrême dont font preuve la plupart des sujets à l’égard des humains inconnus (ce qui en font de très mauvais chiens de garde d’ailleurs) pour comprendre qu’un réel fossé s’est creusé entre le husky et le loup. Il suffit de comparer le comportement d’un husky avec celui d’un chien-loup américain « high content » par exemple, pour comprendre quelle différence il peut exister entre un chien et un loup. Les chiens-loups américains pouvant contenir jusqu’à 90% de loup, leur comportement envers l’Homme est considérablement impacté par des instincts primaires qui les rendent plus ou moins craintifs. Autant dire que votre husky qui fait la fête à n’importe qui, yeux dégoupillés et langue pendante, n’a absolument plus rien à voir avec le loup, si ce n’est parfois sa couleur et ses oreilles en triangle…
10 - Alpha de la meute
Du coup, le raccourci le plus simple une fois qu’on pense que son husky a le « gène du loup », c’est qu’il faut adopter le comportement propre à celui d’un loup. C’est normal, les loups vivent en meute avec un Alpha qui commande le reste de la meute. Mais, dans la mesure où votre husky n’est PAS un loup, ce schéma ne devrait pas s’appliquer. Cependant, comme la filiation génétique est très forte entre ces deux espèces, vous pourriez penser que les comportements sont similaires et qui pourrait vous en blâmer ? Laissez-moi vous démontrer que vous vous trompez lourdement.
Tout d’abord, sachez que les loups vivent en groupe familiaux. Il y a donc un mâle et une femelle qui forment un couple reproducteur, et le reste de la meute est composée de leur progéniture. Autant dire qu’il s’agit d’un cas de figure bien éloigné de celui que connaît Médor, qui cohabite souvent avec des espèces différentes de la sienne (humains, chats, oiseaux, rongeurs…) et des congénères qui ne font pas partie de sa famille biologique. Le terme de « meute » est déjà donc sérieusement mis en péril…
Ensuite, vous savez parfaitement que votre chien est un chien. Vous n’interagissez donc pas avec lui comme vous pourriez le faire avec un être humain (ou du moins, pas de façon aussi complète). Et là, surprise, sachez que votre chien sait que vous êtes un être humain et qu’il n’interagit pas avec vous comme il interagirait avec un autre chien, tout simplement parce que vous ne parlez pas la même langue. Alors pourquoi vouloir à tout prix communiquer avec lui comme un autre chien le ferait, alors que vous ne parlez pas sa langue ? Oui, on voit passer des conseils du type « grognez-lui dessus », « mordillez-lui l’oreille », « faites pipi là où il fait pipi » et j’en passe. Mais tous ces comportements n’auront pas de sens pour le chien puisque vous n’êtes pas un chien. C’est aussi simple que ça. Alors avant de vous mettre à quatre pattes et de commencer à aboyer pour vous faire comprendre, essayez de prendre un peu de recul.
Et enfin, laissez-moi vous apprendre que la dominance interspécifique (autrement dit, entre deux espèces différentes) est un mythe totalement infondé qui a, de surcroît, été réfuté par son auteur lui-même. Vous ne serez donc jamais supérieur d’un point de vue hiérarchique à votre chien. Il ne vous considèrera jamais comme l’Alpha de la meute, ni même comme un chef. Autrement dit, manger avant lui, passer les portes avant lui ou lui interdire le canapé pourront être des apprentissages utiles pour votre confort d'humain, mais ne vous mettrons en aucun cas sur un piédestal faisant de vous le fameux chef de la famille. D’excellents articles expliquent le pourquoi du comment la dominance interspécifique ne peut pas s’exercer, je vous invite vivement à aller les lire.
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